
L'apostasie
Il est obligatoire pour tout musulman de protéger son Islam et de le garder de tout ce qui l’invalide, l’annule et le rompt, et c’est l’apostasie(1), que Allah ta^ala nous en garde. An-Nawawiyy, ainsi que d’autres, ont dit : « L’apostasie est le genre le plus laid de mécréance ».
A notre époque, le relâchement dans la parole s’est multiplié au point que certains prononcent des paroles qui les font sortir de l’Islam sans même les considérer comme un péché et encore moins comme de la mécréance. Ceci témoigne de la véracité de sa parole (صلى الله عليه وسلم) :
« إِنَّ العَبْدَ لَيَتَكَلَّمُ بِالكَلِمَةِ لا يَرى بِهَا بَأْساً يَهْوِي بِهَا فِي النَّارِ سَبْعِينَ خَرِيفاً »
(‘inna l-^abda layatakallamou bil-kalimati la yara biha ba’san yahwi biha fi n-nari sab^ina kharifa) qui signifie : « Certes, il arrive que quelqu’un dise une parole dans laquelle il ne voit pas de mal, mais à cause de laquelle il chutera en enfer soixante-dix automnes », c’est-à-dire qu’il parcourra une distance de chute qui durera soixante-dix ans. Or une telle chute fait atteindre le fond de l’enfer qui est réservé aux mécréants.
Ce hadith est rapporté par At-Tirmidhiyy, qui l’a jugé haçan. Dans le même sens, il existe un autre hadith rapporté par Al-Boukhariyy et Mouslim.
Ce hadith est une preuve qu’il n’est pas une condition pour chuter dans la mécréance, de connaître le jugement, ni de s’en être satisfait, ni de croire en la signification de la parole, comme le dit à tort le livre Fiqhou s-Sounnah. Il n’est pas une condition non plus pour chuter dans la mécréance de ne pas être en colère, tout comme An-Nawawiyy l’a indiqué en disant : « Si quelqu’un s’emporte contre son enfant ou son serviteur en le frappant violemment et qu’un autre lui dit : « N’es-tu pas musulman ? », s’il répond délibérément « non ! », il a apostasié ». Et d’autres que lui l’on dit, parmi les hanéfites et autres.
L’apostasie est de trois sortes comme l’ont classée An-Nawawiyy, d’autres savants parmi les chaféites et les hanéfites et bien d’autres : croyances, actes et paroles. Chaque sorte se ramifie en de nombreuses ramifications.
De la première sorte, il y a : douter au sujet de Allah, de Son messager, du Qour’an, du Jour dernier, du Paradis, de l’enfer, de la récompense, du châtiment, ou de toute autre chose du même genre faisant l’objet de l’unanimité.
- Croire que le monde n’aurait pas de début et existerait de toute éternité par son genre et sa composition ou bien par son genre seulement.
- Nier l’un des attributs de Allah qui Lui sont obligatoires par unanimité, comme le fait qu’Il ait pour attribut la science.
- Attribuer à Allah ce dont Il est obligatoirement exempt par unanimité, comme le corps.
- Considérer licite ce qui est interdit par unanimité, connu d’évidence comme faisant partie de la religion, de parmi les choses dont la connaissance de l’interdiction ne lui échappe pas, comme la fornication, la sodomie, le meurtre, le vol ou l’usurpation.
- Tout comme considérer illicite ce qui est clairement connu comme étant licite tels que la vente et le mariage.
- Nier l’obligation de ce sur quoi il y a unanimité également, tel que les cinq prières ou même une seule prosternation de ces prières, la zakat, le jeûne, le Hajj ou le woudou’.
- Considérer obligatoire ce qui ne l’est pas par unanimité également.
- Nier le caractère méritoire de ce sur quoi il y a unanimité.
- Décider d’apostasier dans le futur ou de faire dans le futur l’une des choses citées ci-dessus ou hésiter en cela, mais pas si cela traverse l’esprit sans qu’on l’ait voulu.
- Nier le statut de compagnon de notre maître Abou Bakr, que Allah l’agrée, ou le statut d’envoyé de l’un des envoyés de Allah dont l’envoi fait l’objet de l’unanimité.
- Renier une lettre qui fait partie du Qour’an par Unanimité, ou lui ajouter une lettre rejetée par l’unanimité en considérant, par entêtement, qu’elle en fait partie, contredire un envoyé de Allah ou le dénigrer, ou utiliser à son sujet un diminutif de son nom par rabaissement.
- Considérer possible le statut de prophète pour quelqu’un venant après notre Prophète Mouhammad (صلى الله عليه وسلم).
La deuxième sorte, ce sont les actes : comme se prosterner pour une idole ou pour le soleil, que ce soit pour les adorer ou dans un autre but.
Quant à la prosternation pour un être humain, c’est de la mécréance si elle est faite dans le but de l’adorer, tout comme le font certains ignorants qui se prosternent pour certains chaykh prétendument soufis. C’est-à-dire que lorsque leur prosternation est faite dans le but de les adorer, c’est de la mécréance ; toutefois, si ce n’est pas pour les adorer, ce n’est pas de la mécréance mais c’est interdit.
La troisième sorte, ce sont les paroles : elles sont très nombreuses et on ne peut les énumérer de manière exhaustive.
Parmi cela, il y a dire à un musulman « ô toi mécréant » en visant par-là que la religion de celui à qui il s’adresse est de la mécréance et non pour viser une comparaison.
Se moquer de l’un des noms de Allah ta^ala, de Sa promesse ou de Sa menace, de la part d’une personne à qui il n’échappe pas que cela est attribué à Allah soubhanah, ou dire aussi : « Si Allah m’ordonnait de faire telle chose, je ne le ferais pas », ou « Si la qiblah était changée vers telle direction, je ne prierais pas vers là-bas », ou « si Allah me donnait le Paradis, je n’y entrerais pas », par dédain ou par entêtement en tout cela.
Et comme de dire : « Si Allah me punit pour avoir délaissé la prière avec la maladie que j’ai, Il aura été injuste envers moi ».
Ou dire d’un acte qui s’est produit : « C’est arrivé sans que Allah l’ait prédestiné », ou dire : « Si les prophètes », ou « les anges », ou « tous les musulmans témoignaient devant moi d’une telle chose, je ne l’accepterais pas d’eux », ou dire : « Je ne ferai pas ceci, même si c’est recommandé(1) » en visant la moquerie, ou « Si Untel était prophète, je n’aurais pas foi en lui », ou encore, après qu’un savant a donné une fatwa, dire : « Qu’est-ce que c’est que cette loi ? » en visant le dénigrement du jugement de la Loi de l’Islam, ou dire : « Que Dieu maudisse(2) tous les savants » en visant la généralisation totale(3) . Mais s’il ne visait pas la généralisation totale à l’ensemble des savants, mais visait seulement de maudire les savants de son époque, avec une preuve qui indique cette restriction et en raison du mal qu’il pense d’eux, il ne devient pas mécréant, même si ses propos ne sont pas dépourvus de désobéissance.
Ou dire : « Je n’ai rien à voir avec Allah » ou « avec les anges » ou « avec le prophète » ou « avec la Chari^ah » ou « avec l’Islam », ou dire : « Je ne connais pas le jugement » en se moquant de jugement révélé de la part de Allah, ou dire après avoir rempli un verre :
وَكَأْساً دِهَاقاً
(wa ka’san dihaqa)(4), ou ayant vidé la boisson d’un récipient, dire :
فَكَانَتْ سَرَاباً
(fakanat saraba)(5) , ou au moment de peser ou de mesurer un volume :
وَإِذَا كَالُوهُمْ أَوْ وَزَنُوهُمْ يُخْسِرُونَ
(wa ’idha kalouhoum ’aw wazanouhoum youkhsiroun)(6), ou à la vue d’un rassemblement :
وَحَشَرْنَاهُم فَلَمْ نُغَادِرْ مِنْهُمْ أَحَداً
(wa hacharnahoum falam noughadir minhoum ‘ahada)(7), en voulant dénigrer le sens de ces ‘ayah en tout cela. Et de même en toute situation où le Qour’an serait utilisé dans ce but. Toutefois, si ce n’est pas dans ce but-là, celui qui le fait ne commet pas de mécréance mais le Chaykh Ahmad Ibnou Hajar a dit que ce n’est pas loin d’être interdit.
De même, devient mécréant celui qui insulterait un prophète ou un ange, ou qui dirait : « Je serais un vrai proxénète si je priais », ou bien « je n’ai rien gagné de bon depuis que je fais la prière », ou bien « La prière, ce n’est pas pour moi » en voulant se moquer, ou qui dirait à un musulman : « Je suis ton ennemi et l’ennemi de ton Prophète », ou bien à un descendant du Prophète : « Je suis ton ennemi et l’ennemi de ton ancêtre » en visant le Prophète (صلى الله عليه وسلم), ou qui dirait des choses du même genre que ces expressions abjectes et abominables.
De nombreux savants spécialistes de la jurisprudence, tels que le juriste hanéfite, Badrou r-Rachid et le Qadi ^lyad le malékite, que Allah leur fasse miséricorde à tous les deux, ont énuméré beaucoup d’exemples de mécréance. Il convient donc d’en prendre connaissance. En effet, qui ne connaît pas le mal le commet.
La règle est que toute croyance, tout acte ou toute parole qui indique un dénigrement de Allah, de Ses livres, de Ses messagers, de Ses anges, des signes emblématiques de la religion agréée par Allah, de Ses jugements, de Sa promesse ou de Sa menace est une mécréance. Alors, que chacun y prenne garde de toutes ses forces dans n’importe quelle situation.
Il est obligatoire pour celui qui est tombé dans l’apostasie de revenir immédiatement à l’Islam, en prononçant les deux témoignages et en abandonnant ce par quoi l’apostasie a eu lieu. De plus, il lui est obligatoire de regretter ce qu’il a commis et d’avoir la résolution de ne pas récidiver.
Par l’apostasie sont annulés son jeûne, son tayammoum, son mariage avant la consommation et son mariage qu’il a déjà consommé s’il ne revient pas à l’Islam pendant la période d’attente post maritale.
Son contrat de mariage avec une musulmane ou avec toute autre femme n’est pas valable.
Il est illicite de consommer ce qu’il égorge. Il n’hérite pas et personne n’hérite de lui. On ne fait pas la prière funéraire pour lui, on ne le lave pas, on ne l’enveloppe pas dans un linceul, on ne l’enterre pas dans un cimetière de musulmans et ses biens sont consacrés à l’intérêt général des musulmans.
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(1) Recommandé : sounnah.
(2) Que Dieu maudisse untel signifie que Dieu ne lui fasse pas miséricorde c’est-à-dire que Dieu le châtie.
(3) Celui qui dit : (Que Dieu maudisse tous les savants) alors qu’il y a dans le contexte ce qui indique qu’il ne vise pas la totalité, comme si lui-même ou quelqu’un d’autre a évoqué des savants corrompus et il a alors dit : (Que Dieu maudisse tous les savants), sa parole est alors considérée comme portant sur tout savant de cette catégorie et ce n’est donc pas de la mécréance. Mais s’il dit cette phrase : (Que Dieu maudisse tous les savants) sans aucun contexte, il devient mécréant. L’intention à elle seule, sans qu’il y ait de contexte, ne lui épargne pas d’être déclaré mécréant. Et celui qui ne le déclare pas mécréant dans ce cas là devient mécréant.
(4) [An-Naba’ / 34] Cette ‘ayah fait référence à un verre rempli à ras bord de boissons du paradis.
(5) [An-Naba’ / 20] Cette ‘ayah fait référence aux montagnes qui s’évanouiront au jour du jugement comme si elles étaient un mirage.
(6) [Al-Moutaffifin / 3] Cette ‘ayah fait référence à ceux qui diminuent la mesure lorsqu’ils mesurent un volume ou pèsent pour les autres.
(7) [Al-Kahf / 47] Cette ‘ayah fait référence au jour du jugement, lorsque les gens seront rassemblés et que nul ne sera laissé de côté.
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